RECHERCHE Ecophyto R & D : les voies du possible
L'étude Ecophyto R & D montre que baisser l'utilisation des phytos de 50 % est très ambitieux, 30 % serait plus envisageable à moyen terme.
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«Réduire de moitié l'utilisation des produits phytosanitaires en agriculture d'ici à 2018, si possible », demande clairement le Plan Ecophyto 2018 issu du Grenelle de l'environnement. « Possible, oui, mais pas sans conséquences », répond globalement l'étude Ecophyto R & D commandée par les pouvoirs publics pour étudier cette question si complexe qu'elle a requis beaucoup de temps et de moyens pour y répondre.
Modifier les systèmes de production
Le 28 janvier dernier, à Paris, les résultats de cette étude pilotée par l'Inra ont ainsi été dévoilés. Pour les chercheurs, sans parler du scénario extrême de généralisation de l'agriculture biologique sur tout le territoire, baisser de 50 % l'usage des phytos s'avère très ambitieux. Cela passe en effet par une « rupture », véritable modification des systèmes de production à laquelle serait liée une baisse très sensible des quantités récoltées (- 12 % en grandes cultures) et une forte taxation des produits phytosanitaires. Côté agricole, les voix s'élèvent donc pour expliquer que cette « production intégrée » prônée par les chercheurs nécessiterait de reconcevoir des systèmes à très long terme ainsi qu'un gros travail de recherche préalable. Se pose également la question des marchés et des débouchés nécessaires pour rémunérer les nouvelles productions issues de rotations beaucoup plus longues (pois, luzerne, triticale…).
La synthèse des résultats démontre, en revanche, qu'une baisse de 30 % de l'utilisation des produits phytosanitaires est beaucoup plus envisageable à moyen, voire à court terme, avec des changements de pratiques substantiels, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production. Bien sûr, cela ne sera pas non plus sans conséquences, mais l'étude estime qu'un tel effort ne conduirait qu'à une diminution de 6 % de la production française (grandes cultures), sans baisse de revenu des agriculteurs.
Elargir au moins la protection raisonnée
Le scénario dit de protection raisonnée (raisonnement des traitements en fonction des seuils d'intervention) permettrait, quant à lui, une baisse d'au moins 10 % de l'usage des phytos, comparativement à une agriculture intensive qui ne limite pas le recours à ces produits. Pour beaucoup, dans le secteur agricole, il faut au moins oeuvrer tout de suite en ce sens pour élargir encore plus ces pratiques déjà en marche, grâce à l'utilisation d'outils de pilotage, de semences plus rustiques ou encore la combinaison de solutions chimiques, biologiques et mécaniques.
Laurent Caillaud
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